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L’Union du Maghreb, mythe ou réalité (3)

Troisième partie

Le Conseil de Coopération et de Développement du Maghreb (C.C.D.M), organisation régionale maghrébine que nous avons proposée dans la partie précédente de cet article va, d’abord viser à répondre aux bouleversements géopolitiques et à l’instabilité que cela entraine en Afrique, au Proche et Moyen orient, voire même en Europe après la chute du mur de Berlin, l’effondrement de la Libye et la guerre ukrainienne ; ensuite à institutionnaliser progressivement une coopération pour assurer la sécurité collective de ses cinq adhérents (le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie, la Tunisie et enfin la Libye) face aux pressions démographiques, au sous-développement endémique qui enveloppe le Maghreb ; et enfin à dissuader ceux qui convoitent les richesses naturelles du Maghreb. Le Maroc et l’Algérie qui seraient au centre de cette entente, si entente il y a, pourraient mettre sur pied une forme de rapprochement géostratégique qui dépasse même le cadre national.

Les cinq pays maghrébins feraient du C.C.D.M l’un des fers de lance de la géopolitique du Maghreb dont le tournant vers les trois grandes zones géographiques (l’Afrique subsaharienne, l’Europe, le Proche et le Moyen Orient) sera amplifié par des élites maghrébines choisies de manière démocratique.

Il est temps pour les Européens, particulièrement l’Espagne, la France et l’Allemagne d’arrêter de donner des coups de couteau dans le dos du Maroc qu’ils considèrent comme une barrière à leur hégémonie et leur mercantilisme en Afrique, alors que la Chine, les USA, entre autres, sont à l’affût en vue de supplanter les Européens et surtout la France en Afrique. Par leur équivoque vis à vis du Maroc qui constitue avec l’Algérie l’épine dorsale de l’espace maghrébin, l’Allemagne, l’Espagne et la France font en sorte que les cinq pays du Maghreb ne puissent jamais se regrouper pour former une région maghrébine globale et intégrée. En agissant ainsi, l’Europe est en train d’ouvrir la grande porte africaine, d’abord aux Chinois, aux Américains…, et ensuite à la migration clandestine de l’Afrique vers l’Europe. C’est pourquoi, l’intégrité territoriale du Maroc doit être soutenue non seulement par les pays maghrébins et subsahariens, mais aussi par l’Europe voisine contre les assauts des courants migratoires à travers le bassin méditerranéen et les nouveaux bouleversements géopolitiques de ce début du 21ième siècle que l’Allemagne, l’Espagne et la France feignent d’ignorer ou refusent d’admettre.

Il convient de souligner à ce propos que sans un Maroc intégré géographiquement et socialement, un Maghreb régional et une Afrique subsaharienne démocratiques, stables et développés, l’Europe ne connaitra jamais de quiétude.

Par son mercantilisme et ses attaques machiavéliques de division et de déchirements au sein des pays du Maghreb, plus particulièrement entre le Maroc et l’Algérie, l’Europe n’a-t-elle pas peur de l’émergence d’un ensemble maghrébin ? surtout qu’au lendemain de la signature de la reconnaissance par les U.S.A de la marocanité du Sahara et de l’installation des bases américaines au Sahara marocain, les Européens, plus particulièrement l’Espagne, n’ont pas

hésité à intervenir auprès de l’administration Biden pour qu’elle revienne sur l’accord tripartite (Israël-Maroc-U.S.A). De même, l’Europe a manifesté une certaine inquiétude à la suite du lancement des appels d’offres relatifs au méga projet de ‘’Dakhla Atlantique’’ qui va marquer la fin de l’arrogance néocoloniale européenne en Afrique de l’ouest.

Ajoutons à cela les réserves minières stratégiques qui abondent au large du plateau continental que le Maroc, dont il a souverainement délimité en fixant la limite de ses eaux territoriales et en instituant une zone économique exclusive de 200 miles marins au large des côtes marocaines dont le ‘’Tropic’’ qui est un volcan ou mont sous-marin aux richesses inestimables face aux Îles Canaries, ainsi que l’indépendance énergétique vers laquelle le pays avance à pas de géant, et un projet de liaison fixe entre Gibraltar et le Maroc qui va permettre à l’Angleterre qui ne fait plus partie de l’U.E, d’accéder directement au continent africain, sans oublier bien sûr l’encadrement de la culture du cannabis et son industrialisation médico-pharmaceutique localement entre autres, qui serait perçu comme un acte de guerre par certains lobbies de la mafia politico-financière de la Costa Del sol au sud de l’Espagne. Ces revenus illicites du cannabis cultivé au nord du Maroc dont bénéficient ces lobbies de la mafia servent à financer les grands partis politiques espagnols… Vous comprendrez donc bien les raisons qui motivent de plus en plus l’Espagne, la France et l’Allemagne de s’offusquer de l’audace du voisin marocain pourtant gratifié en 2008 du fameux “Statut avancé”.

En résumé, C’est dans l’intérêt non seulement de tous les pays qui contournent le bassin méditerranéen (plus de 45% du commerce international transite par le détroit de Gibraltar), mais également du reste du monde, que la France et l’Espagne, doivent mettre fin à leurs fourberies et à leurs subterfuges diaboliques pour déstabiliser le Maghreb à travers la vieille nation, le Maroc, qu’elles n’ont jamais cessé de dépecer depuis le 19ième siècle et dont elles ne peuvent tolérer la fulgurante résurrection économique dans cette partie méditerranéenne et arabo-africaine collée à l’Europe !

Saïd CHATAR

13/09/2023

Clin d’œil sur la problématique géopolitique au Maghreb  (le conflit algéro-marocain) 

Préambule 

Avant de commencer cet article relatif à la problématique géopolitique au Maghreb (le conflit algéro-marocain), j’ai cru utile de revenir sur une fable que j’avais lue durant mes études primaires, intitulée ‘’ Les trois bœufs et le lion ‘’ que voici :  

Il était une fois trois bœufs de trois couleurs différentes (un noir, un rouge et un blanc), qui vivaient ensemble pour se soutenir contre les prédateurs. Il y en avait un lion qui voulait les manger mais qui n’osait pas les attaquer tous les trois à la fois. Alors il s’était mis à les surveiller  de loin en réfléchissant comment il va arriver à les dévorer tous les trois. 

Un jour il s’approcha du bœuf blanc et lui dit : tu n’as pas honte de vivre avec ces deux bœufs très laids ? A ta place j’irais brouter fièrement dans la forêt tout seul. 

Le bœuf blanc rumina les paroles du lion toute la nuit et partit le matin dans le sens opposé de ses copains. Aussitôt qu’il fut seul le lion se jeta sur lui et le mangea. Une fois digéré, le lion revint à la charge et raconta la même chose au bœuf rouge qui se laissa convaincre et se fit dévorer à son tour. 

Quelques temps plus tard, le lion se présenta devant le bœuf noir et lui dit : je viens te manger comme je l’ai déjà fait à tes amis et comme tu n’as aucune chance contre moi seul, il vaut mieux te préparer à mourir. Le bœuf noir lui répondit, “de toute façon je suis mort le jour où le bœuf blanc est mort” et il se laissa manger sans opposer aucune résistance. 

Comme à l’accoutumée, à la fin des fables il y a une moralité. Et dans ce cas, la moralité consiste en : ‘’ l’union fait la force, la division cause la perte ‘’. 

Problématique géopolitique au Maghreb (le conflit algéro-marocain) 

De tous les conflits que le Maghreb et le Proche-Orient connaissent, d’abord algéro-marocain à l’Ouest et ensuite israélo-palestinien à l’Est du bassin méditerranéen, dépendra le sort du monde (voir mon article intitulé ‘’L’union du Maghreb, mythe ou réalité‘’).  

Pour ce qui est du Maghreb, l’Algérie et le Maroc qui se disent indépendants et mènent une politique qui n’obéit soi-disant pas aux intérêts des grandes puissances capitalistes, n’arrêtent pas de parler de l’unité maghrébine, mais en réalité il n’en est rien. Même si ces deux pays sont arabophones, amazighophones, voire francophones, ont des langues communes, une géographie commune, une religion islamique commune, rien ne les unit. L’Islam ne peut en aucun cas être un facteur assez puissant pour éliminer leurs divergences économiques et politiques, car ce sont les intérêts de classe qui décident. L’instrumentalisation de l’Islam, comme pour toutes les autres religions, se fait le soutien direct des classes aisées dominantes afin d’exploiter les peuples opprimés et de les maintenir dans les ténèbres en leur promettant un avenir heureux non pas dans ce monde mais dans ‘’l’autre’’, c’est-à-dire dans l’au-delà. Aussi convient-il de rappeler à ce propos qu’en général, là où les pays musulmans (sunnites, shiites, etc.) le peuvent et où leurs intérêts économiques ou politiques concordent, ils cherchent à faire de la religion un instrument soi-disant d’union, mais lorsque leurs intérêts s’opposent, elle devient alors un instrument de haine, de division et de combat. 

Au Maghreb où l’unité de pensée fait défaut, il est absurde d’imaginer pour le moment que l’unité puisse exister entre les deux régimes, marocain et algérien. Car la France qui avait colonisé l’Algérie et le Maroc pendant longtemps y avait établi son hégémonie et des formes de structure et de superstructure qui répondaient uniquement à ses propres intérêts.  

Même après leur indépendance, ces deux pays sont devenus dépendants des grandes puissances capitalistes. Pour servir les intérêts de celles-ci et des oligarchies au pouvoir, les élites dirigeantes du Maroc et de l’Algérie nouent et dénouent des accords avec ces grandes puissances capitalistes qui leur prêtent un puissant soutien pour la réalisation de leurs desseins. Cependant, il faut reconnaitre qu’il y a des éléments progressistes dans les programmes des deux gouvernements algérien et marocain. Néanmoins, ces faibles éléments progressistes qui existent servent d’abord et avant tout les classes au pouvoir et non pas les classes inférieures opprimées et exploitées. C’est pourquoi les rapports entre les classes à l’intérieur de ces deux pays sont rongés par des contradictions qui vont s’aggravant et qui suscitent la rupture du statu quo que les grandes puissances capitalistes cherchent à maintenir pour continuer, à l’instar du colonialisme français de jadis, à empêcher l’harmonisation des intérêts de ces deux États dans leurs rapports réciproques. 

Rappelons à ce propos que ceux qui arrivent vite à conclure à tort ou à raison que cette situation est imputable aux seuls antagonismes entre les deux États, algériens et marocains, nous leur faisons rappeler que d’autres contradictions existent et peuvent s’aggraver à tout moment avec l’évolution de chaque situation. Elles rendent impossible le maintien de ce statu quo tant souhaité par les grandes puissances capitalistes.  

De même, d’aucuns jugent que les facteurs externes de la crise relative au conflit algéro-marocain sont seuls à faire la loi et que la rupture de ce statu quo relatif au conflit algéro-marocain est due uniquement aux contradictions des forces extérieures de l’impérialisme, à leurs désaccords et à leurs luttes antagonistes. Il en résulte que les classes dominantes de l’Algérie et du Maroc, pour tromper leurs peuples, s’appuient tantôt sur une superpuissance tantôt sur l’autre, vantant l’une, stigmatisant l’autre et cherchant à faire croire que, selon que l’on s’appuie sur l’une ou sur l’autre, on a tous les bienfaits ou tous les maux. De toutes les façons, les contradictions n’arrêtent jamais d’agir de manière intensive ou latente, mais elles n’en sont pas moins opérantes…  

En résumé, la situation au Maghreb est confuse et agitée. Elle a apporté de grandes perturbations dans la vie sociale des peuples maghrébins et suscité aux pouvoirs des pays du Maghreb des tracas sans remèdes jusqu’à présent. Les puissances capitalistes et leurs grands monopoles font des pressions par tous les moyens sur l’Algérie et le Maroc en essayant de faire d’eux leurs satellites en vue de temps difficiles. Pour le moment, tout indique que l’impérialisme avance dans ce sens au Maghreb.  

Saïd CHATAR 

25 / 09 / 2023 

L’Union du Maghreb, mythe ou réalité (2)

Deuxième partie

Par sa position géostratégique autour de laquelle s’articulent l’Europe, l’Afrique, le Proche et le Moyen-Orient, le Maghreb constitue la pierre angulaire du bassin méditerranéen et occupe une place de choix sur la liste des pays partenaires de la coopération internationale. Il a au nord une côte méditerranéenne qu’il partage avec l’Europe et qui s’étale sur environ 5000 km, à l’ouest une côte atlantique de plus de 3700 km, des frontières communes avec le Moyen et le Proche Orient à l’Est et avec les pays du Sahel au Sud. Ainsi l’espace maghrébin constitue-t-il une porte d’entrée africaine et moyen-orientale pour l’Europe. C’est à juste titre que l’espace maghrébin est incontournable dans les processus de négociation de coopération et d’échanges globaux par rapport à tous les problèmes qui se posent à l’heure actuelle au niveau du bassin méditerranéen, non seulement entre l’Europe et l’Afrique, mais aussi entre l’Orient arabo- musulman et l’Occident.

Par sa position géographique et ses sous-sols qui regorgent de matières premières stratégiques, le Maghreb fait beaucoup d’envieux. Avec une population estimée à 100 millions d’habitants dont 45 % qui ont moins de 15 ans forment la catégorie la plus exposée au chômage, au mal-être, surtout à la drogue, au terrorisme et à la tentation de l’émigration, l’espace maghrébin est une ‘’bombe à retardement’’ : quatre jeunes urbains sur dix sont au chômage, c’est une question à prendre très au sérieux.

C’est pourquoi, j’ose rappeler à l’U.E, plus particulièrement à ses 3 membres, l’Espagne, la France et l’Allemagne, qui savent très bien que le Sahara a toujours fait partie de l’Empire chérifien, y compris d’ailleurs le Sahara oriental, de cesser leurs actions machiavéliques en vue d’isoler le Maroc et de le soustraire à l’espace maghrébin.  L’Europe doit avoir une position politique claire sur ce conflit algéro-marocain concernant la marocanité du Sahara comme vient de le faire les U.S.A qui a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara.

Que l’U.E sache que l’intégrité territoriale du Maroc est une affaire qui concerne le peuple marocain tout entier ; et par voie de conséquence, elle doit cesser de croire à la pérennité de de ce statu quo dû à ce conflit boukharroubien qui va se rompre fatalement tôt ou tard. Que l’U.E arrête de jouer aux apprentis sorciers vis-à-vis de cet espace maghrébin qui est une véritable boîte de Pandore se trouvant à peine à 8 km à vol d’oiseau avec le continent européen et que les USA avec qui le Maroc vient d’entamer un processus de partenariat multisectoriel, risque d’ouvrir à tout moment. A bon entendeur…

Pour le peuple marocain tout entier, il n’est plus possible de supporter le mépris et les provocations de l’Espagne et de la France, puissances aujourd’hui déclinantes, qui eurent l’audace colonialiste de dépecer l’ex-Empire chérifien, sans aucune déclaration officielle sur la vérité historique de la souveraineté marocaine sur les deux régions méridionales et orientales sahariennes après la décolonisation. 

Par ailleurs, à l’instar des organisations régionales que nous avons mentionnées dans la première partie de cet article, et plus particulièrement de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) par exemple, qui regroupe la Chine, la Russie et quatre autres États d’Asie centrale, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan, n’est-il pas temps pour l’U.E de cesser son équivoque vis-à-vis de ce conflit et pour l’Algérie de mettre fin à ses attaques contre le Maroc et de se joindre à lui pour édifier un Conseil de Coopération et de Développement du Maghreb (C.C.D.M) ? Encore faudra-t-il que les deux peuples, algériens et marocains puissent instaurer la démocratie et la justice socio-économique en Algérie et au Maroc qui constituent l’axe principal de l’espace maghrébin afin de pouvoir choisir librement des mandataires ayant des projets en perspective dans un cadre régional qui va au-delà des frontières imposées par le colonialisme franco-espagnol.

A suivre…

Saïd CHATAR

L’Union du Maghreb, mythe ou réalité (1)

Crises et luttes au Maghreb

De la même manière la crise socio-économique et politique endémique qui frappe les pays du Maghreb ressemble étrangement à une crise d’adolescence, de la même façon l’éveil de la démocratie sociale, caractérisé par le rejet de l’autorité et un fébrile besoin de liberté et d’affirmation de soi, rapprocherait la collectivité maghrébine du stade adulte.

Depuis leur ‘’indépendance’’, les pays du Maghreb ont toujours été régis par des régimes autoritaires usés jusqu’à la ‘’corde’’. Ils sont devenus désuets aux yeux des populations maghrébines qui veulent être représentées par des mandataires librement choisis. A titre d’exemple, en ce qui concerne le régime actuel de la monarchie marocaine, pour éviter la formule républicaine héritée de la révolution française qui consista en la décapitation du roi Louis XVI en 1793 à Paris, le Maroc se doit de revoir sa constitution pour composer, comme ce fut le cas avec le parlementarisme anglais. D’autant plus que la question du gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple est devenue une idée extrêmement chère à notre temps. C’est pourquoi, il faudra procéder au remplacement du régime autoritaire et ‘’féodalo-patrimonialiste’’ actuel du royaume du Maroc par un nouveau régime fondé sur une monarchie parlementaire moderne en phase avec les valeurs universelles du 21ième siècle.   

L’impressionnante unanimité maghrébine dans l’évolution procède, malgré la variété des applications d’un pays à l’autre, d’une aspiration fondamentale qui est l’affranchissement des masses laborieuses, ou, si l’on veut, le souci pour le bien public et le refus catégorique du dualisme social. Cela s’étend à toute la communauté maghrébine et surtout à ses classes inférieures dont la progéniture acquiert de plus en plus d’influence dans l’administration et la gestion des affaires des pays du Maghreb par des actes politiques et de l’emprise de l’opinion publique grâce aux réseaux sociaux. Toutefois, en même temps que s’élève l’irrésistible vague démocratique, s’affirment davantage des mouvements islamistes étroits et exacerbés dans l’espace maghrébin.

Par ailleurs, il n’est pas inutile de rappeler que les élites maghrébines qui voulaient émanciper et affranchir leurs pays du joug du colonialisme n’avaient guère pris conscience de leur solidarité au-delà des frontières superficielles que celui-ci (colonialisme franco-espagnol) leur avait léguées ou plutôt imposées. Hélas ! Force est de constater qu’au sortir du colonialisme, le nationalisme et le chauvinisme constituèrent des obstacles insurmontables pour l’intégration et la démocratisation des pays du Maghreb. D’ailleurs, le premier conflit entre l’Algérie et le Maroc (surnommé la guerre des sables) qui avait lieu en 1963 ne consacra-t-il pas le triomphe du nationalisme et du chauvinisme, en même temps qu’il sonna plus tard l’heure du conflit relatif au Sahara soi-disant occidental ? Grâce à l’impossibilité de vivre avec des structures permettant ententes et intégration régionales, la prétendue souveraineté des Etats des pays du Maghreb, dogme absolu hérité du colonialisme dut battre tout projet régional maghrébin, alors même que sur le plan international de plus en plus de pays se regroupent pour former des organisations intergouvernementales régionales à caractère politique et économique (ASEAN, UE, CCG, OEA, OCS, etc.) afin de faire face aux tensions et aux confusions que la mondialisation engendrent à l’échelon planétaire.

A suivre…

Saïd CHATAR

Le métier du diplomate (5)

Cinquième partie

Rappel

Ces articles sur la diplomatie peuvent paraitre aujourd’hui révolus aux yeux du lecteur. Je les avais écrits au début des années 2010 à l’intention des diplomates marocains qui font face à l’agit-prop mystificatrice que le pouvoir militaire ’’boukharroubien’’ de l’Algérie mène sur le front diplomatique depuis 1975 contre le Maroc afin de saper son intégrité et son intégration territoriales. En 1982 l’Algérie et la Libye avaient réussi à faire entrer la RASD à l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, ancêtre de l’actuelle Union africaine) par le truchement du S.G de l’époque, le togolais Edem KODJO.  Deux ans plus tard, le Maroc quitte l’institution en signe de protestation.

Collecte et diffusion d’information en diplomatie

Le travail essentiel des missions diplomatiques est de recueillir l’information. Cette tâche qui était particulièrement importante à l’époque où il était très difficile de savoir ce qui se passait dans le monde, est toujours utile à l’âge de l’Internet et des autres réseaux sociaux. Le diplomate doit être constamment à l’affût tel un chasseur. Il doit savoir écouter, interroger, glaner des informations. De nos jours, c’est la surabondance d’information qui est le véritable problème. Cependant, il convient d’avoir constamment à l’esprit que l’information diplomatique est tournée vers l’action. En effet, à la différence d’une agence de presse, on ne communique pas une information ‘’brute’’, mais une information étayée par une analyse destinée aux décideurs. Ces derniers sont intéressés, principalement, par des informations diplomatiques accompagnés de propositions et de recommandations de nature à les aider à élaborer des processus de prise de décision.

Le diplomate moderne est ouvert sur la société du pays où il est accrédité et essaie d’en comprendre les rouages. Cette proximité va lui permettre de mieux communiquer avec les décideurs politiques et économiques du pays d’accueil. Il ne peut se contenter de fréquenter uniquement des cercles mondains, où son audience serait finalement très restreinte. Il doit aussi atteindre le grand public : il s’agit de ‘’la diplomatie publique’’ qui trouve son origine dans le concept anglo-saxon. Cela va consister à contrer la propagande des adversaires et à diffuser des informations destinées à promouvoir l’intérêt du pays que le diplomate présente auprès de l’opinion publique étrangère au moyen de puissants organes d’information. ‘’La diplomatie publique’’ concerne la diffusion d’informations dans les universités, les contacts avec les médias locaux, la diffusion de matériel audio-visuel, pour donner une image positive du pays concerné. ‘’La diplomatie publique’’ constitue une dimension nouvelle du travail diplomatique : elle s’adresse aux ‘’faiseurs’’ d’opinion, à tous ceux qui sont susceptibles, à l’étranger, d’influer sur la perception qu’on peut avoir des relations avec tel ou tel Etat. ‘’La diplomatie publique’’ requiert des moyens importants et n’est utilisée, dès lors, que par des Etats menant une politique étrangère couvrant un large spectre d’activités.

La mondialisation a créé un terrain culturel commun et les populations-cibles sont aisément accessibles. La recherche et la communication d’informations ne se limitent plus aux chaînons discrets et aux salons feutrés de Washington D.C, de Genève, de Bruxelles… Le diplomate sait que l’information doit être recueillie et diffusée partout dans le monde. Il doit bien faire usage de ses connaissances linguistiques, de ses talents de communicateur, de sa capacité à défendre une cause et à négocier un dossier.

La politique étrangère de notre temps doit prendre en compte non seulement les vues des Etats mais aussi des citoyens. Dans cette manière du travail diplomatique, il devient aussi important de nouer des relations avec les citoyens d’un pays que de parler aux représentants du gouvernement de celui-ci dans des négociations sur la responsabilité de protéger, de lutter contre le trafic de drogue et le terrorisme par exemple. Aussi le diplomate est-il connecté directement avec les préoccupations de l’opinion publique.

On est entré dans l’ère des groupes d’opinion et des intérêts particuliers dont la résultante véhicule une représentation du monde à laquelle un gouvernement ne peut vraiment se soustraire à une époque où les mouvements ethniques ou religieux ont une influence. Pour échapper à l’obsolescence, le diplomate doit renforcer et étoffer sa politique étrangère de culturalisme, de religiosité et d’ethnicité, entre autres.

Il se forme alors un espace public international qui n’est plus centré sur l’interaction entre les Etats, mais fait de sensibilité croissante, de compassion, de solidarité et de mobilisation, s’indignant de la passivité des Etats en rendant publics les manquements aux droits humains à l’échelon international. Le diplomate doit s’insérer dans ce nouveau contexte des relations internationales, qui s’inscrit dans une vision renouvelée de l’action diplomatique, caractérisée par des sujets dits transversaux davantage que par des règles strictement interétatiques.

Par ailleurs, la culture est une autre dimension de la diplomatie moderne. Les ambassades sont des diffuseurs de culture. Dans certains cas, elles disposent même d’un véritable service culturel qui abrite une bibliothèque, organise des conférences ou des récitals, faisant venir dans le pays d’accueil tel ou tel écrivain ou artiste renommé. Un orchestre national en tournée, c’est un événement culturel mais aussi diplomatique, dans la mesure où les artistes sont les ambassadeurs de la culture de leur pays.

A suivre…

Saïd CHATAR

N.B : notre prochain article sera consacré au rôle potentiel que la diaspora marocaine pourrait apporter à la diplomatie parallèle et au processus de développement socio-économique pour le Maroc…?

Le métier du diplomate (4)

Quatrième partie

Rappel

Ces articles sur la ‘’diplomatie’’ peuvent paraitre aujourd’hui révolus aux yeux du lecteur. Je les avais écrits au début des années 2010 à l’intention des diplomates marocains qui font face à l’agit-prop mystificatrice que le pouvoir militaire boukharroubien de l’Algérie mène sur le front diplomatique depuis 1975 contre le Maroc afin de saper son intégrité et son intégration territoriales. En 1982 l’Algérie et la Libye avaient réussi à faire entrer la RASD à l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, ancêtre de l’actuelle Union africaine) par le truchement du S.G de l’époque, le togolais Edem KODJO.  Deux ans plus tard, le Maroc quitte l’institution en signe de protestation.

Le diplomate et la mondialisation

Aussi paradoxale que cela puisse paraitre, la mondialisation qui enveloppe les relations diplomatiques est tout à la fois un élément de compétition et un facteur de coopération. Elle stimule la compétition diplomatique entre les Etats qui se font concurrence sur les marchés mondiaux de l’énergie et des autres matières premières. Cette compétition devient de plus en plus féroce sous l’influence des pays émergents (B.R.I.C.S.). Mais la mondialisation devrait susciter des réflexes de coopération, car un Etat ne peut lutter seul contre la pollution maritime, le changement climatique ou les épidémies. Ainsi conviendra-t-il de développer des modalités de coopération, même si cela se fera en fonction des rapports de force.

En dépit de la multiplicité des acteurs, le rôle des Etats reste central. Pour mener à bien une négociation sur un thème horizontal, il convient d’anticiper les positions des Etats ou des acteurs de la société civile, de détecter les alliances, les divisions chez les autres acteurs de la négociation, d’évaluer les possibilités de compromis. Grâce aux réseaux des ambassades et d’une bonne compréhension des enjeux en présence, le Ministère des affaires étrangères est le seul à disposer des capacités globales d’analyse, de synthèse, d’information et de coordination pour assumer ce rôle.

C’est dans cet esprit que les gouvernements doivent absolument créer au sein des ministères des affaires étrangères une ‘’Direction de la mondialisation’’ ad hoc dont les atouts majeurs consisteraient en trois C : Connaissance technique, Coordination et Communication. Elle regrouperait également des services traitant des questions dites transversales, comme les négociations sur l’environnement et le développement durable, l’énergie, la coopération économique régionale et internationale, les institutions financières internationales, les matières premières, la politique scientifique et les migrations internationales. Compte tenu de la technicité de cet état de choses complexes, des fonctionnaires ayant une longue expérience de ces dossiers en assureraient la gestion avec le renfort des économistes. Cette ‘’Direction de la mondialisation’’ travaillerait en étroite relation avec le département de la coordination multilatérale. Celui-ci est le lieu où l’on peut élaborer la synthèse politique entre les différents intérêts contradictoires, où la vision géopolitique peut trouver une place. Périodiquement, une concertation est également à prévoir avec les acteurs non étatiques de la mondialisation, les ONG, les think tanks, les fédérations d’entreprises, les syndicats, la société civile…

Les postes diplomatiques devront, eux aussi, se familiariser progressivement avec les dossiers de la mondialisation. Ainsi est-il utile pour les jeunes diplomates de bénéficier d’une formation assez approfondie sur la mondialisation à l’issue de leur stage. Peut-être qu’un jour l’on pourrait s’inspirer du Danemark, qui vient de nommer des attachés en matière de climat dans ses ambassades situées à Washington et dans quatre pays émergents. Aujourd’hui, il y a des négociations entre 192 Etats à l’ONU, 149 à l’OMC, 27 au sein de l’Union européenne… Les interférences extérieures qui viennent s’ajouter encore à cet ensemble déjà surchargé de règles du jeu devenues plus complexes, sont loin de simplifier les négociations diplomatiques.

Garder les idées claires en négociant en permanence devient le véritable défi du diplomate d’aujourd’hui. Des questions internationales qui sont liées entre elles et qui concernent davantage de pays expliquent bien la montée en puissance des négociations multilatérales. Les missions classiques du diplomate ne disparaissent pas, mais elles doivent tenir compte de leur nouvel environnement qui ne finit pas de se complexifier. La figure du diplomate classique était celle d’un généraliste qui menait son action dans un domaine très vaste : tout ce qui relevait d’un contact avec l’extérieur. Le diplomate d’aujourd’hui conserve cette capacité à percevoir globalement les questions internationales, ce que l’ancien ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine, a bien résumé : avoir une véritable expérience de la négociation, éprouvée sur toute une carrière, suppose une connaissance du passé des négociations et des relations internationales, une connaissance globale et intime à la fois de l’interlocuteur, un savoir-négocier qui s’apprend au fur et à mesure et se transmet. On ne négocie pas seulement avec un ministre de l’Agriculture ou de la Culture, mais avec un pays. Il faut avoir une vision large des autres intérêts qui peuvent contredire les intérêts précis en jeu dans la négociation. Une appréciation globale est indispensable.

La mondialisation qui exige davantage de diplomatie et de négociation dans un monde interdépendant et caractérisé par un nombre croissant d’acteurs et de défis multiples, renforce la nécessité d’une plus grande capacité à négocier avec un nombre important de partenaires.

Saïd CHATAR

Le métier du diplomate (3)

Rappel

Ces articles sur la diplomatie peuvent paraitre parfois révolus aux yeux du lecteur d’aujourd’hui. C’est pourquoi, je tiens à lui rappeler que je les avais écrits au début des années 2010 pour les diplomates marocains qui font face à la guerre que le pouvoir militaire boukharroubien de l’Algérie mène contre le Maroc depuis plus de quatre décennies sur le front diplomatique, à l’ONU, avec l’Europe, ou dans les instances africaines. Ainsi, en 1982 l’Algérie et la Libye avaient réussi à faire entrer la RASD à l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, ancêtre de l’actuelle Union africaine) par le truchement du S.G de l’époque, le togolais Edem KODJO.  Deux ans plus tard, le Maroc quitte l’institution en signe de protestation.

Le diplomate et la mondialisation  

La mondialisation qui peut engendrer un développement planétaire dont les bienfaits ne sont pas toujours équitablement répartis débouchera inéluctablement sur des tensions, voire des conflits armés. C’est pour cela que les diplomates devront absolument avoir au cœur de leur attention les effets de la mondialisation en mettant en exergue la dialectique entre sécurité et développement.

Les menaces et les défis générés par la mondialisation dans les relations internationales nécessitent une réponse adéquate, non pas en termes de forces armées seulement, mais aussi sous la forme d’une recherche inlassable d’un développement centré autour des besoins de l’humanité. La diplomatie devra mettre l’accent désormais sur le rôle de la communication, de la culture, des acteurs non étatiques et de la ‘’déterritorialisation’’ de l’espace politique.

Face aux défis importants du 21ième siècle, la qualité de la vie dans les mégalopoles, la démographie galopante dans les pays en voie de développement, les armes de destruction massive, l’approvisionnement en matières énergétiques, les pandémies, le changement climatique, qui sont fondamentaux tant pour la santé et la sécurité que pour le développement, la diplomatie doit disposer de nouvelles aptitudes et de nouveaux instruments pour les insérer dans les processus de négociations internationales.

Jusqu’à présent, on doit bien reconnaître que la diplomatie marocaine a tardé à tenir compte de la mondialisation. La politique étrangère a été conçue pendant longtemps comme la conduite des affaires entre les Etats et ressortait du domaine exclusif des gouvernements. Aujourd’hui, la politique internationale inclut un grand nombre d’acteurs extérieurs au ministère des Affaires étrangères : départements techniques, défense nationale, parlements, diasporas, villes, entreprises, syndicats, société civile, etc. Cela reflète évidemment la disparition progressive des démarcations entre les affaires étrangères et les affaires intérieures et la manifestation du passage de l’ère de la guerre froide à celle de la mondialisation.

La montée en puissance de ces nouveaux acteurs renforce, paradoxalement, le rôle des Etats dans le nouveau système international. Jamais les acteurs de la société civile n’ont autant réclamé l’intervention de l’Etat sur la scène mondiale dans des domaines comme l’économie, la justice, le développement, les droits de l’homme, l’environnement, etc. Les turbulences mondiales qui ne finissent pas d’élargir le spectre d’action diplomatique, nécessitent davantage de vigilance, de régulation, et renforcent le rôle du ministère des affaires étrangères, pour autant que celui-ci fasse l’indispensable effort de modernisation.

Dès lors, on peut affirmer que la mondialisation est la chance du ministère des affaires étrangères ; encore faudra-t-il que les diplomates puissent relever ce défi. Pour cela, il convient aux diplomates d’avoir à l’esprit un double champ d’action diplomatique : l’action bilatérale d’un côté, et l’action multilatérale de l’autre où les diplomates vont se trouver face à de nouveaux défis (le climat, l’énergie, les migrations internationales, les pandémies…) auxquels ils ne sont pas préparés d’emblée.

Il n’y a pratiquement plus de problèmes qui se négocient à deux : les pays engagent continuellement des négociations dans les domaines les plus divers avec des dizaines d’autres Etats et organisations internationales. On y débat le plus souvent des thèmes transversaux qui exigent des connaissances scientifiques et techniques de plus en plus précises. Une négociation sur le changement climatique sollicite l’intervention d’un économiste pour les tractations sur les échanges de droits d’émission, d’un agronome connaissant bien les questions de biodiversité, d’un administrateur des fonds de coopération environnementale, etc. Il n’est pas possible pour un diplomate de cumuler toutes ces fonctions. Le ministère des affaires étrangères qu’on va oser comparer à une tour de contrôle doit être en phase avec ce nouvel environnement des relations internationales pour mieux négocier et coordonner les négociations internationales.

Saïd CHATAR

Le métier du diplomate (2)

Deuxième partie                                              

Préambule

Ces articles sur la diplomatie peuvent paraitre parfois révolus aux yeux du lecteur d’aujourd’hui. C’est pourquoi, je tiens à rappeler que je les avais écrits au début des années 2010 pour les diplomates marocains qui font face à la guerre que le pouvoir militaire algérien mène contre le Maroc depuis plus de quatre décennies sur le front diplomatique, à l’ONU, avec l’Europe, ou dans les instances africaines. En 1982, l’Algérie et la Libye avaient même réussi à faire entrer la RASD à l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, ancêtre de l’actuelle Union africaine) par le truchement du S.G de l’époque, le togolais Edem KODJO.  Deux ans plus tard, le Maroc quitte l’institution en signe de protestation.

Le diplomate marocain et la diplomatie multilatérale

Dans le cadre du débat sur l’accord entre l’Union européenne et le Maroc visant à libéraliser le commerce dans les domaines de l’agriculture et de la pêche, l’organisation Western Sahara Resource Watch (WSRW) a publié un rapport intitulé ‘’Les tomates du conflit’’, qui révèle l’existence de 11 sites agricoles au Sahara dit occidental et fournit la situation géographique de chacun d’entre eux. D’après le “WSRW”, aucun de ces sites agricoles n’est exploité par des habitants de l’endroit ou des marocains venus d’autres régions du Maroc. Tous les sites agricoles en question sont détenus par des conglomérats marocains puissants ou par des entreprises multinationales françaises dont les produits bénéficient exclusivement à l’exportation au détriment de leur transformation et de leur valorisation locales (agro-industrie), ainsi qu’aux dépens de la culture vivrière…

Ce qui importe dans ce rapport, c’est la nature de ces entreprises et le mode d’exploitation de ces sites agricoles par celles-ci. Ainsi, la question centrale qui devrait être posée au gouvernement marocain est la suivante : ces projets qui n’apporteraient pas de valeur ajoutée à la région et qui excluraient les habitants de la région de toute participation de près ou de loin à ces exploitations agricoles, favoriseraient-ils le processus d’autonomie qui est en vue ? Nous trouvons que la position de Western Sahara Resource Watch (WSRW) qui n’est pas claire, est pleine d’amalgames par rapport à la cause nationale marocaine. Que cherche-t-elle exactement cette ONG ? Une plus grande participation des populations locales au processus de développement socio-économique et une répartition plus juste et plus équitable des bienfaits de celui-ci ? Dans ce cas, nous conviendrions qu’ils ont raison. Par contre, si elle cherche à travers ce mode d’exploitation ‘’féodalo-capitalistique’’ exclusif, purement et simplement l’amputation du royaume du Maroc de sa région du sud, alors là, la pauvre WSRW est complètement à côté de la plaque. Notons à ce propos que ce mode d’exploitation agricole ‘’féodalo-capitalistique’’ existe partout, aussi bien au Maroc qu’ailleurs. Cette ONG va-t-elle demander l’autodétermination dans toutes les régions des pays où ce mode d’exploitation est déployé ?

Le diplomate marocain et la diplomatie multilatérale

Par ailleurs, face à ces défis, la balle est dans le camp du peuple marocain tout entier, pouvoir, gouvernement, partis politiques, syndicats, société civile, intellectuels et autres diasporas. C’est pourquoi, je vais oser demander au lecteur de trouver dans la suite de ces lignes mon point de vue général sur les nouveaux défis de la diplomatie multilatérale auxquels est confronté le royaume du Maroc.

Le travail diplomatique du Maroc par rapport au conflit algéro-marocain en rapport avec le Sahara soi-disant occidental doit s’adapter aux changements internationaux marqués par la fin des confrontations classiques entre les deux camps, Est-Ouest. De la logique de confrontation, la diplomatie est entrée désormais dans une logique d’influence. Elle doit déployer son action dans un espace qui n’est plus bipolaire où les négociations reprennent une place prépondérante. Dans cette optique, les diplomates marocains doivent être capables de détecter les éléments favorisant un rapprochement entre les points de vue de leur pays et de ceux où ils se trouvent. Ils doivent savoir capter, interpréter et évaluer l’importance des signaux qui peuvent conduire à des malentendus s’ils sont mal compris. Les faits et gestes d’un diplomate sont des signaux : retour précipité dans sa capitale pour des consultations, départ précipité d’une cérémonie, comme ce fut le cas avec le Premier Ministre marocain A. Benkirane au cours des funérailles du Président A. Ben Bella à Alger. La diplomatie de crises est une diplomatie de signaux dont la mauvaise interprétation peut conduire au conflit.

Aussi le diplomate agit-il de nos jours dans un monde globalisé et une souveraineté des pays de plus en plus limitée ou plutôt partagée. Le diplomate qui devait traditionnellement prendre la défense des intérêts de son pays, se trouve dans un nouveau contexte se prêtant davantage à une défense des intérêts d’un groupe d’Etats. La diplomatie se déploie de plus en plus dans le multilatéralisme : que ce soit l’U.E, le G77, l’ASEAN, l’U.A, etc. L’appartenance à de tels groupements influe sur le travail diplomatique.

La diplomatie de la globalisation qui conduit à des négociations internationales tous azimuts, l’environnement, les pandémies, la lutte contre le terrorisme ou la politique commerciale, pousse le diplomate à se spécialiser dans le processus de négociation, quel que soit le domaine concerné. Les dossiers qu’il traite ont de plus en plus de répercussions concrètes et immédiates sur la vie quotidienne des gens.

Saïd CHATAR

Le métier du diplomate (1)

Première partie

Préambule 

A la suite de la dégradation spectaculaire des relations entre Berlin et Rabat, je me permets de revenir vers le lecteur pour remettre sous ses yeux une série d’articles relatifs à la ‘’Diplomatie’’ que j’avais écrits au début des années 2010. Dès lors, je vais oser poser une seule question aux responsables de la diplomatie marocaine que voici : depuis la parution de ces articles, nos diplomates à Berlin avaient-ils pris l’initiative d’organiser des conférences en Allemagne pour attirer l’attention de l’opinion publique allemande sur  la similitude qui existe entre la libération des régions méridionales de notre royaume qui étaient occupées par le colonialisme espagnol et leur intégration à la mère-patrie après la Marche Verte de 1975 et la réunification de la république allemande en 1990 ? Ont-ils pris la peine d’expliquer lors de ces conférences le processus de l’autonomie que le Maroc propose pour mettre fin à cette situation problématique inextricable créée par le président Mohamed Ben Brahim Boukhrrouba, alias Houari Boumediene, entre autres ? D’ailleurs ne sera -t-il pas plus productif de rappeler aux élites politiques et autres lobbys allemands que le but de l’autonomie est de mettre justement sur pied in fine une monarchie fondée sur un Etat fédéral qui, avec ses 12 Régions, va ressembler à celui de l’Allemagne fédérale comprenant 16 régions fédérées (Länder), que Feu Hassan II souhaitait pour l’avenir du Maroc.

Le métier du diplomate

Le métier du diplomate excite la curiosité et suscite souvent des préjugés, voire des fantasmes. Les clichés caricaturaux au sujet de l’ambassadeur menant grand train de vie dans de somptueuses résidences illustrent parfaitement ces poncifs. Ainsi, la carrière diplomatique reste toujours distinguée par ses spécificités, son code social et un fort attachement à l’esprit de corps.

Pour certains, en raison du développement des moyens de communication modernes et des relations directes existant entre les chefs d’Etat et les ministres de tous les pays du monde, le diplomate est tenu en marge des décisions importantes. Pour d’autres, ce métier est réduit à une forme d’oisiveté élégante ou à une fonction d’agent secret.

Toutefois, au-delà de ces stéréotypes et de ces préjugés, un ambassadeur dont le métier est de représenter son pays à l’étranger est invité à participer à des activités publiques et sociales où il est mis en contact avec des notabilités du pays d’accueil. Il devra se construire un réseau de relations et sera jugé en fonction du crédit politique dont il bénéficiera au sein des autorités de l’Etat d’accueil. Représenter son pays n’est donc nullement et aucunement de la figuration ou de la sinécure : c’est une démarche active, astreignante, qui interdit de commettre des maladresses et demande beaucoup de tact, de doigté et d’effort pour gagner la confiance de ses interlocuteurs.

Depuis la fin des confrontations classiques entre les deux camps, Est-Ouest, le diplomate qui n’exerce plus un rôle confiné par les contraintes de la Guerre froide, est appelé à déployer désormais son action dans un espace planétaire en pleines mutations géopolitiques et géostratégiques et à développer une véritable empathie pour les autres cultures. Le diplomate doit non seulement informer mais aussi interpréter les signaux qu’il perçoit dans son environnement en vue d’aider les gouvernements à régler les problèmes avec habileté et délicatesse et à adopter la meilleure posture face aux tensions d’un monde en pleins mouvements. La communication diplomatique comporte toute une série de gestes, de messages et de déclarations qui expriment une intention. La diplomatie du ping-pong fut un signal diplomatique indiquant que les Etats-Unis et la Chine étaient prêts à l’apaisement, prélude à une reconnaissance diplomatique. Il faut savoir interpréter les signaux qui peuvent conduire à des malentendus s’ils sont mal compris. Un silence peut être un signal en soi, mais signifie-t-il accord ou refus ? Ainsi, par exemple, l’ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, en 1990, ne mit pas en garde Saddam Hussein au moment où ce dernier préparait l’occupation du Koweït, ce qui fut interprété par le Président iraquien comme une forme d’indifférence, voire d’acceptation de ses projets d’offensive contre son voisin. De même, peut-on interpréter l’affaire actuelle des frontières algéro-marocaines dans la province de Figuig (Sud-Est du Maroc) comme un signal lancé par l’Algérie au Maroc ?      

Le diplomate doit d’abord comprendre ce que les autres pensent et être capable d’évaluer leurs forces et leurs faiblesses. Cela paraît assez élémentaire au premier abord, mais les crises qui éclatent bien souvent sont dues à la sous-estimation ou à l’incompréhension de ce que pense ou ressent l’autre qui est le principal objet d’attention du diplomate. Que cet autre soit un adversaire stratégique, un partenaire commercial, un allié idéologique, le diplomate est d’abord celui qui traite avec l’autre. On peut être en désaccord avec l’autre, mais cela ne doit pas conduire à le condamner ou à le mépriser et à l’ignorer. D’ailleurs la dégradation spectaculaire aujourd’hui des relations entre le Royaume du Maroc et la République allemande nous le montre d’une manière on ne peut plus claire.  

Ceci-dit, la négociation diplomatique qui est un exercice de longue haleine a souvent été considérée comme l’art de la ruse et de la dissimulation. Pour Machiavel, la diplomatie doit faire appel à la ruse pour convaincre. De la même manière, Il n’est pas opportun de dévoiler toutes ses cartes dès le début de la négociation.

Le diplomate doit rester discret en attendant le moment opportun ou plutôt crucial avant de dévoiler sa position. Pour influencer les tiers, le diplomate peut recourir à toute une série de manœuvres : alliances tactiques de circonstances, manœuvres dilatoires, multiplication des exigences. Toutefois, si la ruse peut être un moyen, elle n’est jamais une fin : une diplomatie fiable est à long terme préférable aux subtilités florentines, où tous les coups sont permis. Les intérêts sont tellement imbriqués les uns dans les autres qu’il n’est pas permis d’appliquer le jusqu’auboutisme et d’imposer son point de vue par la force : on ne gagne pas en humiliant la partie adverse. Le diplomate peut être habile mais son point de vue ne prévaudra que s’il est solidement étayé et argumenté.

Saïd CHATAR

A suivre…

Comprendre le conflit du Sahara occidental

Première partie

Préambule

Deux associations (A.S.B.L) ont pris l’initiative d’organiser à Bruxelles le 11 mars 2021, une rencontre avec les jeunes de la diaspora marocaine pour tenter de leur expliquer la situation problématique des frontières que les pays du Maghreb ont hérité du colonialisme franco-espagnol. Ainsi ai-je accepté l’invitation à participer à cette action pour donner quelques éléments d’information à ces jeunes sur le conflit du Sahara dit occidental derrière lequel se tient le régime militaire algérien dont le but est d’empêcher le Maroc de consolider le parachèvement de son intégrité et son intégration territoriales. 

Ci-dessous le résumé que j’ai fait à cette occasion sur le conflit du ‘’Sahara occidental’’ qui existe depuis plus de 4 décennies. Il comprend trois parties que voici :

I – L’origine du conflit (1970-1975)

Avant d’aborder la question du conflit relatif au Sahara occidental que j’ai toujours préféré appeler le conflit algéro-marocain, il faut en revenir à l’histoire coloniale au début du 20ième siècle. C’est pourquoi, je tiens à vous évoquer l’acte final de la conférence d’Algésiras du 7 avril 1906 qui reconnait à la France et l’Espagne des droits particuliers, alors que l’Allemagne n’a obtenu qu’un droit de regard sur les affaires de l’empire chérifien qui était chancelant à cette époque*. Dès lors, ces deux pays se sont permis de procéder au partage de l’empire chérifien marocain. La France fait de la majeure partie du pays son “protectorat”. L’Espagne occupe le Rif (la province du nord), à l’exception de Tanger, transformée en ville internationale. L’Espagne s’installe également au Sud, là où le Sahara rejoint l’océan atlantique dans une très longue bande de terre d’environ 266.000 km2. Et enfin au Sud du Sahara en question, la France occupe la région de Chenguit, l’actuelle Mauritanie.

Au milieu des années 1970, quand Madrid se décide enfin de quitter le “Sahara espagnol’’ comme on l’appelait à l’époque ? La Mauritanie en revendique la petite partie méridionale, le 1/3, et le Maroc la plus grande partie septentrionale, c’est à dire les 2/3 au nom des allégeances (Beiya) que les chefs des tribus nomades du désert faisaient à leurs sultans successifs de l’empire chérifien. C’est pourquoi le peuple marocain tout entier, avait et continue toujours à estimer unanimement que ce territoire doit lui revenir, excepté bien sûr le pouvoir boukharroubien de l’Algérie qui n’était pas d’accord avec cette vision de l’unanimité marocaine. Le comploteur Mohand Ou Brahim Vouthkharrouvth (Boukharrouba) alias Houari Boumediene qui avait usurpé le pouvoir par un coup d’Etat, avait fondé et mis sur pied en collaboration avec quelques activistes gauchistes d’origine du Sud du Maroc, en 1973, un mouvement fantoche, le Polisario, afin d’empêcher le peuple marocain de récupérer ses provinces sahariennes et de consolider son intégrité territoriale, que le colonialisme espagnol lui avait usurpé après la conférence d’Algésiras de 1906. Ainsi Mohand Ou Brahim Boukharrouba alias Houari Boumediene voulait-il mystifier l’opinion internationale en lui faisant entendre que le Polisario est le seul représentant légitime du peuple sahraoui qui plaide pour un référendum d’autodétermination pouvant conduire à l’indépendance (voir mes articles précédents dans Google : Chatar said Dounia News ou bien sur mon blog personnel : saidchatar.be).

Cela étant, Le Maroc anticipe en agissant rapidement le 6 novembre 1975, alors que l’armée espagnole est toujours présente au Sahara. En effet, le roi Hassan II prend tout le monde au dépourvu et lance la Marche verte à laquelle ont participé quelque 350.000 âmes, avec des femmes et des hommes sans armes. Ceux-ci traversent la frontière et entrent pacifiquement au Sahara occupé par l’Espagne. Mise devant le fait accompli, L’Espagne cède aux demandes du Maroc et de la Mauritanie. Les 2/3 du nord iront au Maroc et le 1/3 du sud à la Mauritanie.

II – La guerre (1975 -1991)

Face à ce coup de force de la Marche verte initiée par le défunt le Roi Hassan II, comme on l’a mentionné plus haut, l’Algérie, par le truchement de sa créature fantoche le Polisario, entreprend aussitôt la lutte dont le but est d’empêcher le Maroc de consolider son intégrité territoriale en proclamant en février 1976 la République arabe sahraouie démocratique (RASD), un Etat non reconnu internationalement, qui réclame la souveraineté de ce territoire saharien. Dès lors, la guerre commence. Quelques milliers de Sahraouis furent conduits de force par l’armée boukharroubienne et sa créature le Polisario dans des camps installés autour de Tindouf (sud-ouest algérien) qui faisait partie du royaume chérifien et que le colonialisme français avait annexé de facto à l’Algérie française de jadis.

On dirait que ce conflit algéro-marocain a été programmé pour durer. Le mouvement fantoche, le Polisario qui est soutenu et armé par l’Algérie et la Libye (jusqu’à 1982 – 83), gagne en 1979 un coup en réussissant, après une guerre d’embuscades et un changement de régime à Nouakchott, à sortir la Mauritanie du jeu. Celle-ci renonce à son morceau de Sahara et se retire derrière ses frontières au bénéfice du Maroc qui récupère la totalité de son territoire.

Pour mieux lutter contre les avancées ennemies de l’Algérie et de sa créature le Polisario, le Maroc conforte sa position dans les années 1980 en érigeant un immense mur de 2.700 km, soigneusement gardé par ses soldats et une technologie hautement sophistiquée dessinant une longue frontière au milieu du territoire. Le côté ouest (80% du Sahara qui sont contrôlés par le Maroc, et de l’autre, 20% font partie de la zone neutre).

De même, la guerre est également intense sur le front diplomatique, à l’ONU, avec l’Europe, ou dans les instances africaines. En 1982, l’Algérie et la Libye, avec la complicité de Edem KODJO alors S.G de l’OUA, réussissent à faire entrer la république fantôme, la RASD  à l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, ancêtre de l’actuelle Union africaine) et deux ans plus tard, le Maroc quitte l’institution en signe de protestation.

III – Le piétinement (1991 à nos jours)

En 1991, l’ONU réussit enfin à faire accepter un cessez-le-feu aux belligérants. L’ONU envoie sur place la Minurso, une mission de maintien de la paix qui a pour objectif, soit l’organisation d’un référendum d’autodétermination, mais dans ce cas qui doit participer au vote ? soit l’autonomie de ce territoire qui fait presque 3 fois la superficie de la Belgique, tout en le gardant sous la souveraineté marocaine. Ce que l’Algérie boukhrroubienne refuse.  Et cela fait plus de 4 décennies que les belligérants s’accusent mutuellement du blocage du processus paix et que rien n’avance.

Il est à signaler à ce propos qu’à la suite de la récupération légitime de ses régions méridionales qui lui appartiennent, le Maroc fait beaucoup d’envieux. Il excite les convoitises de beaucoup de puissances, voire des pays pour des intérêts économiques, géopolitiques et géostratégiques. Le Maroc se trouve au confluent de l’atlantique avec une façade de 2934 km et de la méditerranée avec une façade de 512 km où 40 % du commerce international transite par le détroit de Gibraltar. Il lie les trois continents : l’Afrique au Sud, l’Europe au Nord et le Machrek et l’Orient à l’Est. Quant à ses provinces du sud, il n’y a pas que du sable, il y a aussi des gisements importants de phosphate et un littoral qui passe pour être l’un des plus poissonneux du monde.

Le grand avantage du Maroc dans ce conflit qui dure depuis plus de 4 décennies, c’est que   le pouvoir militaire algérien se trouve tout seul non seulement face au peuple marocain tout entier qui est persuadé d’être dans son bon droit et que le Sahara occidental lui appartient, mais aussi devant la grande majorité du peuple algérien qui ne se sent nullement et aucunement concerné par ce conflit.

Après son départ de l’OUA, le Maroc a adhéré à nouveau à l’Union africaine en 2017. Le Roi Mohammed VI a aussi affirmé plusieurs fois être prêt à bouger. Mais face à cela, l’Algérie refuse tout dialogue avec le Maroc et continue toujours à garder depuis plus de 4 décennies une partie de la population saharienne en otage dans des conditions atroces dans des camps de fortune à Tindouf situé au Sahara oriental qui faisait partie de l’empire chérifien du Maroc.

Enfin, pourquoi cette grande animosité de l’Algérie envers son voisin le Maroc qui l’avait soutenu et aidé dans sa guerre de libération contre le colonialisme français ? Pourquoi ce sentiment durable de malveillance envers le peuple marocain ? Ce sont des questions sur lesquelles que je vais revenir prochainement.

Saïd CHATAR  

*Résultats pour la déclaration d’Algésiras le 7 avril 1906

La conférence s’ouvre à Algésiras le 16 janvier 1906. Un droit de regard est reconnu à l’Allemagne sur les affaires marocaines. Toutefois la France et l’Espagne obtiennent des droits particuliers sur les affaires marocaines, en raison des intérêts liant ces pays (Acte final de la conférence d’Algésiras, 7 avril 1906).